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Interview de Jean Charles Christin pour la sortie du livre Le Marché iranien boîte à outils de l'investisseur

30 mars 2015 Association
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A l’occasion de la publication le 15 avril dans la collection AEGE d’un ouvrage consacré au Marché Iranien, Jean-Charles Christin, coordinateur de l’ouvrage et spécialiste de l’Iran répond à nos questions concernant la situation de ce pays qui pourrait connaitre un tournant au mois de juin 2015 lors des prochaines négociations internationales. L’occasion d’envisager le pays au prisme de son potentiel économique et de son ouverture éventuelle.

  Quels sont les rapports de la France et de l’Iran ?

La France est économiquement très peu engagée en Iran. La France a des partenaires dans la région,  l’Arabie Saoudite, le Qatar et Israël, par exemple, sur lesquels elle se concentre en oubliant le potentiel iranien. Notre diplomatie a pourtant été un élément moteur dans les négociations au sujet du nucléaire. Sa particularité est son exigence : elle tient absolument à obtenir le meilleur accord possible. Pour les Français, en matière d’accord, ce sera tout ou rien. La France a pendant très longtemps été un des principaux partenaires économique de l’Iran, aujourd’hui cependant, notre posture pénalise les entreprises françaises qui depuis 6 ans ont perdu d’importantes parts de marché, contrairement aux économies asiatiques et même européennes qui petit à petit intensifient leur présence auprès des 70 millions de consommateurs iraniens.

  Quel portrait économique du pays peut-on esquisser ?

Contrairement à ce qui est affirmé dans les déclarations officielles, l’Iran n’est pas capable de continuer à vivre sous sanction pendant les vingt prochaines années à venir. L’Iran a des besoins et des projets à financer, mais avec une partie non négligeable de ses revenus bloquée à l’étranger et les difficultés liées aux sanctions bancaires, le pays manque d’investisseurs. La situation financière actuelle est donc globalement mauvaise. L’élection de Rohani  avait suscité une vague d’espoir mais n’a pas encore initié de changements concrets, qui se produiront certainement si les sanctions sont levées en juin. En l’absence d’accords au mois de juin, le futur est incertain, car l’Iran a besoin de disposer de son argent ainsi que d’attirer des investisseurs étrangers dans le pays pour se développer.

  A qui s’adresse l’ouvrage sur le marché iranien à paraître ?

Notre ouvrage s’adresse à toutes les personnes intéressées par l’économie iranienne au sens large et je sais qu’elles sont aujourd’hui de plus en plus nombreuses. Les PME françaises sont parfois quelque peu démunies et disposent de peu d’informations sur l’Iran, un pays au sujet duquel l’information de qualité est difficile à trouver. Ce livre pourra concerner les entreprises, mais également les écoles et étudiants  qui souhaitent obtenir un éclairage et des données fiables sur un marché encore trop peu connu en France.

  Quels seront, à votre avis, les secteurs porteurs en Iran ?

Les secteurs énergétiques, pétrole et gaz, seront certainement les premiers à s’ouvrir, ce qui ne signifie pas qu’ils seront les plus porteurs. Il est fort probable que tous les grands pétroliers comme Total, Shell, et BP auront leur part du marché même s’il faudra qu’ils commencent très tôt à négocier pour savoir quelle sera cette part. Les secteurs de l’industrie lourde, l’automobile, la métallurgie et les infrastructures vont suivre de près l’ouverture des marchés de l’énergie, car les besoins du pays sont importants. Mon intuition est que les biens de consommation vont jouer un rôle conséquent, la grande distribution, par exemple, mais aussi  les produits du luxe et le marché des cosmétiques. Pour l’instant ces marchés sont presque inexistants en Iran, il s’agit soit de contrefaçons venues de Dubaï ou de Turquie, soit de produits réservés aux classes très aisées.

  Comment envisager le futur de l’Iran ?

L’avenir de l’Iran se jouera au mois de juin. C’est une date clef. Si un accord sur le nucléaire et sur la levée des sanctions est trouvé entre les 5+1 (les cinq pays membres du Conseil de Sécurité de l’ONU plus l’Allemagne) et l’Iran, l’ouverture économique suivra. Entre la signature et l’ouverture réelle du pays il y aura une période de transition de quelques mois qui va être primordiale pour toutes les entreprises qui veulent s’installer en Iran. On peut estimer que cette période de transition durera entre six mois et un an, au cours desquels  les entreprises pourront déployer les outils qu’elles préparent actuellement pour leur entrée sur le marché iranien. Si par contre, aucun accord n’est trouvé, Rohani, mais aussi Obama seront mis en difficultés par les élus conservateurs de leurs pays respectifs et nous pouvons nous attendre alors à une très longue période sans réelle avancée diplomatique et économique.

Restons positifs, et espérons que les négociations aboutissent bel et bien. Il faudra à ce moment là que les entreprises ne perdent pas de temps et ne craignent pas de s’installer dans un pays qui ne présentera que peu  voire pas de risque de sécurité intérieure, offrira de nombreuses opportunités, et deviendra le réel pivot économique de la région.

Le Marché Iranien, boîte à outils de l'investisseur, sous la direction de Jean-Charles Christin, Collection AEGE, Éd.  La Bourdonnaye http://www.labourdonnaye.com/produit/141/9782824210544/Le%20Marche%20iranien   à lire aussi : http://www.portail-ie.fr/article/1191/Negociation-du-nucleaire-iranien-les-enjeux-economiques-de-la-levee-des-sanctions



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